Bernard Pivot : Jean-Michel Lambert...
Jean-Michel Lambert : Mmh...
Pivot : C'est bien la première fois que je vais procéder à l'interrogatoire d'un juge d'instruction.
Lambert : J'ai vu dans France Soir qu'on disait le juge Lambert devant le procureur Pivot.
Pivot : Et je dois vous avouer que je préfère vous interviewer... vous interroger plutôt que l'inverse. Parce qu'évidemment, ce serait pas bon signe pour moi si c'était l'inverse. Alors, avez-vous... avez-vous remarqué que le verbe commettre s'emploie à la fois pour un crime et pour un livre ?
Lambert : Tout à fait.
Pivot : Vous avez remarqué ?
Lambert : C'est exact.
Pivot : Alors, avez-vous l'impression d'avoir commis un livre, ou pas ?
Lambert : D'avoir écrit un livre...
Pivot : D'avoir écrit un livre...
Lambert : Mais pas d'avoir commis...
Pivot : Et alors pourquoi... euh... pourquoi avez-vous écrit un livre comme celui-ci ? Est-ce que parce que vous êtes devenu vous-même une vedette de l'affaire Villemin ?
Lambert : Non.
Pivot : Autrement dit, si vous n'aviez pas été le juge d'instruction de l'affaire Villemin, et donc devenu à cause de cette affaire célèbre, auriez-vous pensé écrire l'histoires, la vie quotidienne d'un juge d'instruction ?
Lambert : Euh... sincèrement, je pense que oui, mais il est certain que l'impact n'aurait pas été le même parce que... un juge de province... euh... n'aurait pas eu la chance de... d'être connu.
Pivot : Oui... c'est-à-dire que beaucoup de magistrats attendent la retraite pour écrire leurs souvenirs.
Lambert : Voilà.
Pivot : C'est probablement ce que vous auriez fait et peut-être auriez-vous eu du mal à trouver un éditeur, si vous n'étiez pas devenu célèbre par l'affaire Villemin, c'est ça, je crois qu'il faut dire.
Lambert : Tout à fait, tout à fait.
Pivot : Alors, euh... l'affaire Villemin, d'ailleurs, n'occupe qu'une part très modeste dans le livre, hein ?
Lambert : Ah oui, puisque je suis donc lié par le secret de l'instruction, donc je ne peux rien dire sur le fond du dossier et je n'aborde que les aspects que je peux donc évoquer, à savoir, bon, les lettres anonymes reçues et puis l'analyse de l'affaire dans les rapports avec les... les médias.
Pivot : Bon, alors, l'affaire Villemin, on y reviendra tout à l'heure. Mais vous racontez beaucoup d'affaires qui se sont passées pendant votre... euh... comment on dit, votre ministère ?
Lambert : Non...
Pivot : Bon enfin, bon... pendant vos activités, qui ont commencé quand ?
Lambert : Le 1er février 1980.
LA SUITE A RETRANSCRIRE :
HISTORIQUE
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