Interview télévisée du juge Simon sur La 5
By Dana
Maurice Simon : C'est gênant de vous répondre et d'avoir l'air de dire : "Je suis en train de traiter une affaire exceptionnelle." Mais je pense en toute objectivité que c'est une affaire exceptionnelle.
Paul Lefevre : Une énigme exceptionnelle.
Simon : Exceptionnelle, vraiment.
Lefevre : Ça fait maintenant un certain nombre d'années que vous êtes plongé sur ce dossier. Est-ce que vous connaissez le meurtrier ?
Simon : Là, je peux pas vous répondre.
Lefevre : Est-ce qu'il est possible de connaître le meurtrier ?
Simon : C'est mon rôle.
Lefevre : Mais une affaire exceptionnelle comme ça peut-elle déboucher sur... euh... sur un mystère qu'on ne pourra jamais... euh... connaître.
Simon : Je crois que tout, absolument tout doit être entrepris pour trouver. Il est pas possible dans les annales judiciaires une affaire qui a tellement tellement préoccupé l'opinion, et qui l'a préoccupe toujours, sans réponse. Alors on me fait souvent ce procès d'être long, de faire durer interminablement, en me prêtant parfois d'ailleurs des intentions assez... assez désagréables. On dit que je fais durer pour éviter que Jean-Marie Villemin soit jugé, que je fais durer––
Lefevre : Ah oui, oui, oui, oui, oui. Et de toute façon, il sera jugé ?
Simon : Il sera jugé de toute façon. Y a pas de problème. Mais il sera jugé dans un contexte bien précis qui sera de toute façon éclairé au maximum. Par conséquent, ça peut être aussi bon que redoutable pour lui.
Lefevre : L'opinion publique à l'impression que le secret de l'instruction cache le temps perdu.
Simon : Non.
Lefevre : Est-ce qu'on a perdu du temps dans cette affaire ?
Simon : Non, je peux même pas dire ça. On n'a pas perdu––
Lefevre : C'est compliqué au point que...
Simon : Non, on n'a pas perdu de temps. Personne n'a perdu du temps.
Lefevre : Même le premier juge ?
Simon : Même le premier juge.
Lefevre : Est-ce qu'il y a des gens qui mentent dans ce dossier.
Simon : Probablement.
Lefevre : Mais cet enfant, qui est le départ malheureux de cette affaire. Est-ce que maintenant, après deux ans de recherche, vous savez précisément comment et où il est mort ? Au fond, on sait pas, ça ?
Simon : Je ne peux pas vous répondre. J'ai fort beaucoup de recherches.
Lefevre : Ça, c'est un élément important que vous estimez devoir être couvert par le secret de l'instruction ? Pourtant, ça paraît à première vue de quelque chose d'évident.
Simon : Oui, bien sûr.
Lefevre : Et s'il y a un secret dans cette affaire parmi cette population... On a accusé beaucoup ces gens de camoufler un secret, d'être lié par un secret. Est-ce que c'est vrai, ça ?
Simon : Derrière un meurtre comme cela, dans le côté énigmatique dont j'ai parlé, du côté énigmatique, y a forcément un secret. Ce secret, y réside dans le mobile, la recherche du mobile. Et nous avons mis un accent considérable sur la recherche du mobile.
Lefevre : Vous l'avez trouvé ?
Simon : Vous dire à quoi je suis arrivé, je ne peux vous dire.
Lefevre : Est-ce que dans cette affaire-là, on peut atteindre la vérité ? Y a des grands exemples d'affaires où on n'a pas la vérité.
Simon : Euh... vous répondre, c'est une affaire délicate parce que vous pourriez en tirer une appréciation de l'état où j'en suis.
Lefevre : Oui, mais enfin, il faudrait que je connaisse tout le dossier, franchement... Lefevre : Bon, alors, je prends ma question autrement : est-ce c'est un dossier dans laquelle on connaîtra un jour la vérité ?
Simon : À mon sens, oui.
Lefevre : Donc y aura un jour où l'autre plus de mystère Grégory ?
Simon : Je pense.
Lefevre : Ça va être une affaire qui va encore avoir un rebondissement ? Ou d'une affaire qui va se terminer, comme ça, bouclée, ficelée, comme on dit ?
Simon : Je pense pas qu'elle se termine sans rebondissement.
Lefevre : Ah bon, il va se passer quelque chose dans l'affaire ?
Simon : C'est probable.
Lefevre : Des choses qui vont surprendre ?
Simon : Peut-être.
Lefevre : Depuis des mois, vous avez tous les éléments dans le dossier. Il suffit de les mettre dans l'ordre ?
Simon : Oui.
Lefevre : C'est ça, l'affaire Villemin ?
Simon : Hum. (Il acquiesce.)
Lefevre : Ou plutôt l'affaire Grégory ? Tout est dans le dossier, il suffit de trouver la façon de les assembler ? Et ça va déboucher sur un mobile––
Simon : Et de bien peser la valeur des éléments.
Lefevre : Oui. Et tout ça, ça débouche sur un mobile et un personnage ?
Simon : Un mobile, un ou des personnages.
Lefevre : Pourquoi des personnages ? Il peut y avoir plusieurs––
Simon : C'est possible.
Lefevre : C'est une possibilité ?
Simon : Hum. (Il acquiesce).
Lefevre : Ah ! Monsieur le président, une fois que vous allez refermer ce dossier, d'une manière ou d'une autre, est-ce que vous allez retourner sur les lieux ?
Simon : Oui, sûrement.
Lefevre : Pour quoi faire ?
Simon : ...
Lefevre : Est-ce que vous serez sûr, à ce moment-là, d'avoir découvert la vérité ?
Simon : Je le souhaite vivement. Je dois quelque chose à quelqu'un.
Lefevre : Oui. Pour le petit...
Retranscription rédigée minutieusement pour affairegregory.com le 20 octobre 2024.
HISTORIQUE
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